Durant des millénaires, l’Homme a dû chasser pour assurer sa survie. Il a utilisé différentes armes comme la sagaie ou le propulseur jusqu’à ce qu’il découvre l’arc (certainement en observant l’élasticité naturelle des matériaux). C’est donc au cours de la préhistoire, probablement à l’époque magdalénienne (au paléolithique supérieur -35000 à -12000) que l’arc a été inventé. Malheureusement, il ne reste que peu de traces permettant de comprendre l’apparition et l’évolution du tir à l’arc.
Si de nombreuses pointes de flèches (en pierre, en silex ou en obsidienne) ont été retrouvées, les arcs, en matériaux organiques (en orme, en frêne, en if…) ont disparu. Il est donc difficile de savoir à quelle période l’arc a remplacé le propulseur. Des pointes de flèches de cette époque ont été retrouvées en Afrique du Nord (en Algérie à Bir-el-Ater dans la région de Tebessa – civilisation atérienne). Les arcs les plus anciens datent de 6500 à 6000 av. J.-C. (Mésolithique) et ont été découverts en 1944 dans des tourbières de l’Europe septentrionale (à Holmegaard au Danemark), ainsi que dans des tourbières anglaises et des cités lacustres en Suisse. Des preuves incontestables de l’existence du tir à l’arc au Mésolithique (-10000 ans) sont apportées par des dessins pariétaux de grottes en Espagne.
Grotte de los Caballos – Province de Castellon – (Espagne)
Scène de chasse au cerf: groupe de 4 archers décochant des flèches sur une harde de cerfs
Arc d’Holmegaard en orme: la poignée est marquée par un rétrécissement.
Durant des milliers d’années, la chasse à l’arc (mais aussi occasionnellement la pêche) est le moyen principal et presque unique de subsistance, en particulier dans les régions tempérées où les végétaux ne fournissent qu’un apport alimentaire minime et saisonnier. L’auroch, le cerf, le sanglier et le renne sont chassés pour leur viande. Les petits animaux comme le lapin, la loutre ou le castor ne constituent que des appoints gustatifs. D’autres animaux ont été chassés pour leur fourrure (le loup, le renard, le lynx, le blaireau, la martre ou le putois).
Peinture rupestre du massif Tassili n’Ajjer
(Néolithique récent)
Gravures rupestres dans désert – Arabie Saoudite – Datation probable – 9000 ans
Des meurtres sont prouvés par la présence d’armatures de flèches dans les os de quelques squelettes mais il peut s’agir d’accidents de chasse. L’arc devient une arme de guerre dès l’instant où apparaît la notion de propriété avec le développement de l’agriculture et de l’élevage au néolithique.
On ne peut pas évoquer l’histoire du tir à l’arc sans parler d’Otzi, l’homme du Similaun.
Otzi est la momie d’un homo sapien découverte à 3213m d’altitude en 1991 dans un glacier italien et dont la datation est estimée à -5300 ans (néolithique). Son autopsie a révélé qu’il était probablement mort à la suite d’une blessure par flèche. Il a été découvert avec un arc (1.82 m) en if, un carquois et une douzaine de flèches avec des pointes en silex.
Reconstitution d’Otzi d’après l’étude de sa momie
La plupart des civilisations à travers le monde ont utilisé l’arc souvent à des fins militaires (excepté en Australie où étaient utilisés le boomerang et le propulseur): les Egyptiens, lesAssyriens, les Scythes, les Perses, les Carthaginois (guerres puniques d’Hannibal contre les Romains), les Parthes (le seul peuple à avoir résisté à l’Empire Romain pendant près de trois siècles – notons que dans les armées romaines, seuls les mercenaires étrangers tirèrent à l’arc et n’eurent qu’une faible importance numérique et stratégique, les romains considérant plutôt l’arc comme un sport.), les Huns (avec Attila), les Mongols (avec Gengis Khan), les Turks, les Japonais, les Coréens. Parallèlement à l’arc simple en Europe, l’arc composite est développé en Asie par les Chinois et les Mongols, mais aussi au Moyen-Orient. Les arcs sont construits avec différents types de matériaux (tendons, corne, bois…) et prennent une forme recourbée, les rendant plus puissants et plus faciles à manier pour les archers à cheval. Les arcs chinois les plus anciens sont estimés à 2500 à 2000 av-JC mais le premier texte mentionnant un arc date de 500 av-JC (« L’Art de la Guerre » de Sun Tzu).
Gengis Khan (1165-1227)
Durant ces guerres, les archers développent des stratégies et des techniques pour destabiliser et vaincre l’ennemi. Sur les champs de bataille, les archers ne disposant que d’un nombre de flèches limité, récupèrent les flèches envoyées par l’ennemi pour les renvoyer.
Certains, comme les Turks, créent un système pour tirer des flèches plus courtes inutilisables par les archers adverses ou par les arbalétriers car trop fines.
D’autres tirent des flèches dépourvues d’encoches, ou des encoches avec de fines lames d’acier au fond de la gorge (l’archer ennemi qui tire une de ces flèches sans l’outil adapté coupe sa corde et ne peut plus prendre part au combat).
Certains stratèges utilisent pour une volée des flèches plus légères que les flèches de guerre, faisant croire à l’ennemi qu’il est à bonne portée. La volée de riposte tombe alors trop court.
Inversement, l’uilisation de flèches trop lourdes et tombant devant l’ennemi (pour une volée), lui laisse penser qu’il est hors d’atteinte et qu’il peut s’approcher. Il se retrouve alors à une bonne distance pour des flèches normales.
Archer assyrien (Salmanasar III) – Bas-relief de Ninive
Ramsès II
En Europe, l’arc a joué un rôle déterminant dans de nombreuses batailles, notamment entre anglais et français. Les plus connues sont: la bataille d’Hastings en 1066 representée sur latapisserie de Bayeux, la bataille de Crécy (1346), la bataille de Poitiers (1356) et la bataille d’Azincourt (1415) où était utilisé le grand arc en if (ou longbow).
Bataille de Crécy (1346)
Le rôle important des archers dans ces conflits leur donna un statut particulier. En 1260, Saint Louis favorise le noble jeu de l’arc dans le royaume. Philippe Le Long ordonne à ses sujets en 1319 de renoncer aux jeux pour s’appliquer au tir à l’arc et aux exercices à caractère militaire. Une ordonnance de Charles V de 1369 enjoint à la pratique du tir à l’arc et à l’arbalète. En 1448, Charles VII crée un corps d’armée: « les Francs-Archers » (« francs » signifiant ici exemptés de taxes). Leur statut et leurs privilèges furent supprimés par François 1er en 1535.
En temps de paix, les archers se retrouvent dans des confréries. Selon leurs affinités, celles-ci s’invitent à de grandes fêtes régionales appelées « Bouquets ».
L’introduction des armes à feu, avec l’utilisation de l’arquebuse puis du mousquet lors des batailles au XVIème siècle, marque le début du déclin de l’arc comme arme de guerre. En 1567, Charles IX remplace dans son armée l’arc et l’arbalète par l’arquebuse. La fin du XVIème siècle marque ainsi la fin de la carrière militaire de l’arc en Europe.
Après la Révolution de 1789, l’assemblée législative décrète en 1790 la dissolution des compagnies de tir à l’arc et des confréries de St Sébastien, balayant l’essentiel des traditions religieuses pratiquées par de nombreuses compagnies. Mais ces évènements ne suffisent pas à interrompre définitivement l’exercice de l’arc. Dans certaines régions, les archers continuent à pratiquer. A partir de 1800, la tourmente révolutionnaire passée, les archers se réunissent à nouveau, reformant des sociétés (sans aucun privilège, uniquement pour la pratique du jeu de l’arc). Le tir à l’arc survit jusqu’à la fin du XIXème siècle au travers des traditions des Confréries et autres associations (comme le tir au Beursault et les Bouquets Provinciaux).
Saint Sébastien (en savoir plus)
Ces compagnies se regroupent en Rondes dans l’Aisne, l’Oise et la Somme et en Familles dans la région parisienne, formant le Pays d’Arc. C’est en 1899, et en vue des Jeux Olympiques de Paris de 1900, qu’est créée la Fédération des Compagnies d’Arc d’Ile de France. Cette fédération prend en 1911 le nom de Fédération des Compagnies d’Arc de France.
Le développement du tir à l’arc comme discipline sportive a commencé en 1900 avec son introduction aux Jeux Olympiques. Il y sera présent jusqu’en 1920 sous des formes diverses (sauf en 1912 où il était absent, et en 1916 où les Jeux n’eurent pas lieu). Plusieurs facteurs influent sur son exclusion des JO: une pratique limitée à trop peu de pays (France, USA, Angleterre, Belgique), une mauvaise entente entre les nations concernant le règlement (il n’existait pas de règlements internationaux; les épreuves se déroulaient suivant les règles du pays organisateur), et l’absence de fédération internationale (le tir à l’arc n’était inclus au programme qu’à la demande des associations nationales où se déroulaient les Jeux, d’où l’absence de 1912 au jeux de Stockholm).
La Fédération Française de Tir à l’Arc (FFTA) est créée en 1928. (voir la liste des présidents de la FFTA)
La Fédération Internationale de Tir à l’Arc (FITA) est créée peu de temps après en 1931 pour permettre de réunir différentes nations autour d’une structure sportive cohérente afin de réintégrer les JO (Les 7 pays fondateurs sont les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, la Hongrie, l’Italie, la Pologne et la Tchécoslovaquie).
John Williams – Champion Olympique en 1972 à Munich
L’intérêt pour le tir à l’arc sportif s’accroît à partir des années 50 grâce à l’évolution du matériel. En effet, de nouveaux matériaux apparaissent: des alliages à base d’aluminium ou de magnésium, la fibre de verre, les résines synthétiques, les colles, les plastiques, le carbone… Ils permettent de réaliser des arcs plus fiables, avec un meilleur rendement, des flèches de meilleure qualité…
Structure de branches « carbone » (Samick)
Il est aussi important de noter les évolutions technologiques apportées par l’analyse mécanique de l’arc et de la flèche.
Photo réalisée au stroboscope en 1975
C’est ainsi qu’apparaissent les stabilisateurs, les amortisseurs, les Berger-Button, les avancées de viseurs, les décocheurs… L’arc à poulies (ou compound) est créé dans les années 60 par l’américain Holless Wilbur Allen.
Ces avancées ont permis d’améliorer la précision du tir et donc de développer le tir à l’arc sportif au travers de diverses disciplines.
C’est en 1972 que le tir à l’arc revient aux JO à Munich (liste des Jeux Olympiques de l’ère moderne). Il y est toujours présent, mais uniquement dans la catégorie « arc classique ». (voir les podiums des JO depuis 1972)
Quelques archers ont marqué ces disciplines, en particulier le tir olympique: Darell Pace (champion Olympique en 1976 et en 1984) dont le record du monde de 1341 points est resté inégalé pendant une dizaine d’années, Richard Mc Kinney, Vladimir Esheev, Kim Soo-Nyung. Cette discipline est aujourd’hui largement dominée par les coréens. En France, Sébastien Flute a marqué le tir à l’arc sportif en devenant champion olympique en 1992 à Barcelone.
La chasse à l’arc est aujourd’hui le plus souvent pratiquée comme un loisir, particulièrement aux USA (quelques chasseurs se sont illustrés comme Howard Hill (1900-1975) ou Fred Bear (1902-1988, fondateur de la société portant son nom).
Quelques traditions subsistent encore comme le tir au Beursault ou les Bouquets Provinciaux, le tir à la perche…
Chacun peut désormais pratiquer le tir à l’arc avec un choix important de disciplines et une large gamme de matériel. Environ 1800 clubs assurent l’accueil et l’encadrement des archers.
Le nombre de licenciés de la FFTA augmente régulièrement depuis une trentaine d’années et a dépassé en 2005 le seuil des 60.000 licences.
Le tir à l’arc est donc devenu, au fil du temps, une activité de loisir et de compétition avec ses organisations, ses règlements, mais aussi son industrie qui tente de tirer parti des dernières évolutions technologiques. L’arc a également su trouver sa place au cinéma dans des films récents inspirés de l’histoire, de légendes ou de contes (« Le Seigneur des Anneaux« , « Les fréres Grimm« , « Le Roi Arthur« , « Le monde de Narnia« ).
Guenièvre dans « Le Roi Arthur »
(Keira Knightley)
Héraklès archer
Sculpure d’Antoine Bourdelle, 1909
Le tir à l’arc dans la mythologie
La mythologie est l’ensemble des mythes et légendes de la religion polythéiste pratiquée dans la Grèce et la Rome antique.
Ces récits, familiers à tous les anciens Grecs, forment les fondements de leurs rites ainsi que de la représentation qu’ils se faisaient du monde. Cette mythologie est aussi à l’origine, pour la plus grande part, de celle des Romains. Les dieux y sont anthropomorphes et sont avant tout la personnification des forces de l’univers. Bien que certains d’entre eux semblent avoir le sens de la justice, ils peuvent se montrer mesquins et rancuniers. La faveur des dieux est gagnée par des sacrifices et la piété, mais ceci ne garantit rien ; en effet, ils sont réputés pour leurs fréquents changements d’humeur ; leurs colères sont terribles et leurs amours peuvent être tout aussi dangereuses.
Le monde de la mythologie est complexe : monstres, guerres, intrigues et dieux inquisiteurs y sont nombreux, et les généalogies s’entrecroisent.
Les dieux régnaient en maîtres sur l’Univers et sur les Hommes. Ils ne pouvaient pas supporter que les mortels leur désobéissent ou prétendent être leurs égaux. L’arc était souvent l’expression radicale de leur pouvoir et de leur autorité. Lorsqu’un dieu était outragé, le châtiment tombait. La flèche venait sanctionner le fautif.
Voici quelques extraits de mythes dans lesquels le tir à l’arc est mis au premier plan.
Héraklès (ou Héraclès, Hercule pour les Romains) est un héros incontournable de la mythologie. Athlète hors normes, ce colosse à la puissance physique phénoménale s’illustra à maintes reprises comme archer. Selon les légendes, il apprit l’art de tirer à l’arc de Rhadamanthe (qui deviendra plus tard l’un des juges des Enfers), d’Eurytos (roi de la ville d’Oechalie), ou de Teutoros (un bouvier scythe).
Il utilisa l’arc et les flèches pour réaliser certains des 12 travaux dont il était affligé.
– Contre le lion de Némée, il tira ses flèches mais s’aperçut rapidement que le monstre était invulnérable. Ses flèches, offertes pourtant par Apollon, rebondissaient sur son cuir. Il parvint finalement à battre le lion en l’étranglant à mains nues, puis l’écorcha et se revêtit de sa peau qu’aucune flèche ne pouvait transpercer.
Héraklès contre le lion de Némée
– Contre l’Hydre de Lerne il décocha quelques flèches enflammées sans succès.
Héraklès décapita les têtes de l’Hydre les unes après les autres, puis dépeça l’animal et en recueillit le venin pour en imprégner ses flèches.
– Biche de Cérynie
Héraklès poursuivit l’animal toute une année sans l’atteindre. Un jour où elle voulut traverser le fleuve Ladon en Arcadie, Héraklès lui décocha une flèche entre l’os et le tendon de la patte. Ce qui la blessa légèrement sans qu’aucune goutte de sang ne fut versée.
Héraklès chargea l’animal sur ses épaules et traversa l’Arcadie pour se rendre chez Eurysthée.
– Sanglier d’Érymanthe
Alors qu’il était à la recherche du sanglier, il fut reçu chez le centaure Pholos, avec qui il partagea un tonneau de vin. Attirés dans la caverne par le parfum du vin, les autres centaures attaquèrent Héraklès ; en se défendant, il tua nombre d’entre eux grâce à ses flèches empoisonnées.
Pour capturer vivant le sanglier d’Érymanthe, il l’attira dans un champ enneigé, l’épuisa et le prit dans le filet.
– Oiseaux du lac Stymphale
Les oiseaux du lac Stymphale étaient des oiseaux monstrueux, se nourrissant de chair humaine et qui infestaient les bois entourant le lac Stymphale, en Arcadie, utilisant les pointes acérées de leurs plumes de bronze comme flèches, pour tuer hommes et bêtes et les dévorer.
Héraklès les effraya au moyen d’un gong de bronze fabriqué par Héphaïstos, transperça de ses flèches un certain nombre d’oiseaux, puis chassa le reste.
– Bœufs de Géryon
Lors de son expédition pour capturer les Bœufs de Géryon, le héros, accablé par la chaleur, menaça Hélios de ses flèches. Pour l’apaiser, le Soleil lui prêta un bateau d’or qui lui permit de franchir l’Océan.
Après ces 12 travaux, il se rendit à Thèbes où il gagna un concours à l’arc sur Eurytos (roi d’OEchalie, réputé pour son adresse à tirer à l’arc), mais ne reçut pas Iole, la fille du roi, qui lui avait été promise s’il était vainqueur. (Iphitos, fils d’Eurytos (roi d’OEchalie) se fit remarquer comme étant un archer redoutable aux côtés des Argonautes.)
Héraklès
Porphyrion était un Géant, fils d’Ouranos (le Ciel) et de Gaïa (la Terre) qui fit la guerre aux dieux de l’Olympe. Il tenta de violer Héra, mais Zeus le foudroya et il fut achevé par une des flèches empoisonnées d’Héraclès.
Prométhée était un Géant dont Zeus redouta toujours la puissance. Entré en conflit avec Zeus, celui-ci le fit enchaîner sur le plus haut sommet du mont Caucase, où chaque jour, durant des siècles, un aigle vint dévorer le foie sans cesse renaissant du malheureux. Pour avoir averti Zeus de ne pas épouser Thétis, si le dieu ne voulait pas avoir un fils qui le détronerait, Prométhée eut droit à la clémence de son maître. Héraklès tua le rapace d’une de ses flèches et délivra le géant. (cette aventure est connue comme un des travaux mineurs réalisés par Héraclès).
Vers la fin de sa vie, alors qu’il se trouvait devant un fleuve en crue qu’il devait impérativement traverser avec sa femme Déjanire, il rencontra un centaure nommé Nessos qui proposa d’aider Déjanire à franchir le fleuve, tandis qu’Héraklès nageait de son côté. Lorsque Héraclès arriva, il vit que Nessos tentait d’abuser de Déjanire. Il prit alors une flèche enduite du poison de l’Hydre de Lerne et la décocha entre les omoplates de Nessos. À l’agonie, ce dernier tendit sa tunique à Déjanire et lui dit de la tremper dans son sang puis de l’offrir à Héraklès afin de s’assurer ainsi pour l’éternité de sa fidélité.
Plus tard Déjanire, craignant de perdre son époux qui s’était épris de la fille du roi Eurytos (Iole), lui remit la tunique pour qu’il revêtît. Héraclès sentit que le vêtement le brûlait; tentant de s’en défaire, il constata que sa peau partait avec, en lambeaux. La tunique avait été en conatct avec le sang imprégné du poison de l’Hydre de Lerne du centaure Nessos. Faisant ériger un bûcher, il s’y jeta tandis que Déjanire se pendait. Zeus ne put intervenir mais lui offrit une place sur l’Olympe, parmi les dieux. Héraklès devint alors immortel.
C’est à Philoctète, dernier témoin des derniers moments de sa vie, qu’Héraklès confia ses flèches et son arc.
Héraklès archer
Sculpure d’Antoine Bourdelle, 1909
Ulysse
Ulysse est, avec Héraklès, l’un des héros les plus célèbres de l’Antiquité.
Reçu à la cour d’Iphitos, il acquit le précieux arc d’Eurytos, qui lançait des flèches imparables.
Après 20 années d’absence durant lesquelles il vécut de nombreux évènements, en particulier la guerre de Troie, il voulut retrouver sa patrie, sa femme Pénélope et son fils Télémaque.
Mais Pénélope ne pouvait plus ignorer les poursuites de ses prétendants qui affirmaient qu’Ulysse était mort. Elle promit d’épouser celui qui parviendrait à tendre l’arc d’Ulysse. Tous avaient accepté la proposition de la reine ; mais ils essayèrent vainement de tendre l’arc. Ulysse, qui ne s’était pas fait reconnaître, demanda qu’il lui soit permis d’éprouver ses forces. Il banda l’arc très aisément, et en même temps, il tira sur les poursuivants, qu’il tua l’un après l’autre, aidé de son fils et de deux fidèles domestiques. Ulysse tendant l’arc dont Pénélope doit être le prix
Apollon et Artémis
Apollon (Phébus en grec) était l’une des 12 grandes divinités de l’Olympe. Il était appelé « l’archer divin » ou « le dieu archer ». Ses dispositions pour le tir à l’arc furent précoces.
Dès son adolescence, armé de son arc et de ses flèches, il vengea sa mère du serpent Python par lequel elle avait été obstinément poursuivie.
Une autre de ses prouesses est d’avoir exterminé les 3 Cyclopes de ses flèches. Le dieu ne leur pardonnait pas d’avoir fourni à Zeus la foudre qui avait frappé et tué Asclépios, son fils.
Apollon est également connu pour avoir fait périr de ses flèches les Telchines (des génies, la plupart du temps malfaisants dont la forme tenait à la fois de l’homme et de l’animal marin).
Il apprit un jour que sa protégée, la nymphe Coronis, avait manqué à ses devoirs de fidélité. Il fut pris d’un tel accès de colère qu’il sacrifia sans délai Coronis de ses flèches. Après que l’irréparable fut commis, le dieu jaloux apprit que l’information était fausse.
Artémis
Apollon avait une soeur jumelle: la fameuse déesse chasseresse Artémis (Diane pour les romains). Cette archère aux pouvoirs surnaturels avait des flèches en argent qui ne manquaient jamais leur cible. De manière générale, elle envoyait sur les femmes la mort soudaine, alors qu’ Apollon se chargeait des hommes.Artémis
Niobé (la fille de Tantale) eut un jour l’arrogance de se comparer à Léto (Latone pour les romains), mère d’Apollon et de Artémis, et d’offenser le culte que l’on rendait à cette déesse. En représailles, Apollon et Artémis massacrèrent sans hésiter les 7 fils et les 7 filles de Niobé à coup de flèches.
Apollon-Artemis-Niobe
Actéon était devenu, grâce au centaure Chiron, l’un des plus fins chasseurs de son pays. Il prétendait surpasser Artémis dans l’art de la chasse. Un matin, alors qu’il chassait, il surprit la déesse qui se baignait seule dans un lac. Déjà irritée par son insolence, celle-ci ne lui pardonna pas cette dernière faute , et , après l’avoir changé en cerf, elle le fit dévorer par les 50 chiens qui l’accompagnaient.
Orion était un superbe géant féru de chasse comme la déesse avec laquelle il vécut comme chasseur. Mais Eos, personnification divine de l’aurore, l’enleva par amour. Jalouse, Artémis cribla de ses flèches le bel Orion. Il sera sauvé de justesse par Jupiter qui l’immortalisa et lui attribua une place au coeur de la voûte céleste.
Selon une autre version du mythe, elle le tua à l’instigation de son frère qui lui montrait dans la mer un point éloigné et la défiait de l’atteindre. Elle tira une de ses flèches qui atteignit le but, mais il s’agissait de la tête d’Orion qui dépassait sur la mer.
Diane
Tityos était un géant, fils de Zeus et d’Elara. Il fut également tué par la déesse d’une volée de flèches avec la complicité d’Apollon, puis catapulté au fond des Enfers. Artémis et son frère vengeaient leur mère de l’infidélité de Zeus.
Les Centaures
Les Centaures étaient des êtres avec un buste d’homme terminé par un corps de cheval. Ils se nourrissaient de chair crue et vivaient comme des bêtes dans les forêt de Thessalie. Leurs moeurs brutales, leur amour immodéré du vin et des femmes les rendaient redoutables aux mortels. Seuls deux d’entre eux, Pholos et Chiron, se distinguaient de leurs semblables par une bonté et une sagesse exemplaires.
L’agression d’Atalante
Atalante était une héroïne qui excellait à la lutte et à la course, et avait aussi des dons stupéfiants au tir à l’arc. Elle croisa un jour la route de deux centaures, Hyléos et Rhoécos : ceux-ci voulurent abuser d’elle mais furent transpercés par ses flèches.
Elle se distingua également en blessant mortellement d’une flèche le monstrueux sanglier de Calydon.
Le combat contre Héraklès
Héraklès fut un temps l’hôte de Pholos tandis qu’il traquait le sanglier d’Érymanthe. Il exprima un jour le souhait de boire du vin : Pholos n’osait ouvrir la jarre à vin, qui était commune à tous les centaures. Mais sur l’insistance du héros, il s’y résolut : alors les autres centaures, sentant l’odeur du vin, devinrent furieux et se jetèrent sur Héraklès, qui en tua plusieurs et poursuivit les autres.
Mort de Chiron et dispersion des centaures
Après avoir été chassé du mont Pélion, Chiron s’était installé au cap Malée. Or les autres centaures, toujours traqués par Héraclès, parvinrent jusqu’à lui; là, le héros utilisa ses flèches empoisonnées et en décocha une par mégarde sur Chiron. Touché par l’existence exemplaire de celui-ci, Zeus le rendit immortel et le plaça parmi les astres du ciel où il forme depuis la constellation bien connue du Sagittaire. Il apparait au 9ème rang des signes du zodiaque et est représenté par un Centaure armant un arc.
Sagittaire
Les Amazones
Les Amazones appartenaient à une race fabuleuse de femmes guerrières qui, selon la légende, vivaient dans le Caucase et en Asie Mineure, sur les rives du Thermodon. Gouvernées par une reine, elles n’acceptaient la présence des hommes qu’une fois par an pour perpétuer leur race et tuaient leurs enfants mâles ou les rendaient aveugles ou boiteux, pour ensuite les utiliser comme serviteurs.
Amazone
Montées sur des chevaux, protégées par une armure et un casque, les Amazones étaient particulièrement habiles au tir à l’arc. On coupait leur sein droit pour faciliter leurs mouvements au cours des combats, en particulier pour tirer à l’arc.
Les Amazones par Wilhem
Mais dans la mythologie, la flèche ne répand pas seulement le malheur et la mort. Elle est aussi le symbole des émotions et des sentiments les plus forts.
Eros
Eros (ou Cupidon) est la personnification du désir amoureux le plus vif. Il fut le dieu de l’Amour, de l’affection, des affinités et des coups de foudre comme des douces passions.
Aussitôt qu’il put manier l’arc, Eros s’en fit un de frêne, employa le cyprès à faire des flèches, et essaya sur les animaux les coups qu’il destinait aux hommes. Puis il échangea son arc et son carquois contre d’autres en or.
Il est le plus souvent représenté sous la figure d’un enfant de sept à huit ans (ailé ou non) armé d’un arc et d’un carquois rempli de flèches ardentes.
Eros
Lorsque ses flèches frappent, le désir se déclenche immanquablement dans les coeurs les plus secs et les plus réfractaires. Le plus fréquemment, il part remplir les missions que lui confient les dieux. Les flèches de Cupidon sont invisibles mais elles irradient de bonheur ceux qu’elles atteignent.
On peut voir au travers de ces récits que l’arc tient une place importante dans la Mythologie, tantôt arme des nobles causes, tantôt outil des basses besognes. Il apparaît dans de nombreux autres mythes comme l’arme des héros et des dieux.